L’éclat d’étoiles impossibles, Gareth L. POWELL

Tout va plutôt mal pour l’humanité. L’armada de marbre continue à la pilonner et à annihiler tous ses moyens de défense sous prétexte de la sauver d’elle-même. Et pendant ce temps, des créatures monstrueuses se massent à la lisière de notre monde, prête à fondre sur les survivants isolés. Mais apparaît, du côté de l’Intrusion, une jeune femme, Cordelia Pa. Quel rôle peut-elle jouer dans cette partie bien mal engagée ?

De l’art de créer des artefacts étranges

Tout d’abord, quel beau titre ! Je ne sais pas exactement ce que cela éveille en moi, mais ces « étoiles impossibles » (« Impossible Stars ») résonnent dans mon esprit, comme certains vers qui m’ont ému. Je ne vais pas faire toute une chronique là-dessus, mais il fallait que je le signale.

Je peux également signaler que j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce dernier opus de la trilogie. En fait, non : ce n’est pas le début qui m’a un peu gêné. On y retrouve les personnages des deux autres tomes et cela fait plaisir. Non, c’est avec l’arrivée de Cordelia Pa. J’ai rapidement compris qu’elle était nécessaire pour achever cette histoire et que cela permettait d’apporter un souffle neuf. Ce qui est bienvenu. Mais j’ai eu du mal à m’intéresser à elle. Peut-être parce que l’on quittait l’espace clos des vaisseaux pour se retrouver sur des planètes. Enfin, non, pas des planètes. Et c’est là encore une preuve d’intelligence de Gareth L. Powell : il a créé un nouvel artefact mystérieux. Après les planètes transformées en œuvres d’art par des extra-terrestres de Braises de guerre et l’Irrépressible Envie, l’artefact nymtoq de L’armada de marbre, place aux Plaques ! Ce sont d’étranges habitats en forme de vastes plateaux, avec une bulle d’air respirable, plantés dans l’espace, très près de l’Intrusion, cette zone étrange où nul ne peut pénétrer sans être détruit. Ici survivent des milliers d’humains dans des conditions variables. Cordelia, elle, doit voler des artefacts abandonnés dans certains coins de sa plaque. S’y promener est dangereux et le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle. Heureusement pour elle, elle va obtenir un billet de sortie. Mais chut, n’en disons pas plus !

Tous les éléments se mettent en place

L’éclat d’étoiles impossibles est la conclusion d’une trilogie au rythme intense et aux questionnements qui trouvent ici leurs réponses. Tous les personnages, cabossés au possible, vont aller au-delà de leurs limites pour, enfin, trouver un but cohérent à leur existence. Pour ceux qui vont survivre au roman, bien sûr, car n’oublions pas que l’auteur n’hésite pas à sacrifier des individus. De façon justifiée, certes, mais cela fait toujours mal quand un protagoniste auquel on s’était attaché finit réduit en purée. Ou pire. Et, comme je le disais au-dessus, même ceux qui résistent sont dans un sale état : aussi bien physique (Sal Konstanz a cédé un de ses yeux à son vaisseau pour l’aider à vaincre les monstres venus d’une autre dimension) que moral (tout le monde, ou presque, a perdu un être cher, souvent dans des conditions abominables). Vu comme ça, si l’on se dit que le sort de l’humanité dépend de cette bande, on peut être inquiet. Mais c’est aussi cela qui rend ces personnages si attachants, si vivants. Les sentiments ressentis, sans être totalement novateurs, sont d’une certaine justesse et cela crée la profondeur nécessaire à l’identification.

Grâce à l’arrivée de Cordelia, les êtres humains, répandus à travers le cosmos, vont obtenir une possibilité de survie. Mais il va falloir du temps pour que l’on comprenne véritablement le rôle de cette jeune femme : on sait juste qu’elle est orpheline, qu’elle vit avec son demi-frère et son oncle. Et qu’elle est très sensible aux artefacts qui traînent sur sa plaque. Pour le reste, il faut attendre la lecture. Son personnage est central dans ce roman et trop en dire serait préjudiciable. Mais elle est une trouvaille intéressante, qui sert de clef à l’ensemble.

Ainsi s’achève cette trilogie de Braises de guerre, dont j’ai apprécié tous les tomes. Ce qui est rare car, souvent, un volume est plus faible que l’ensemble. Gareth L. Powell a su conserver un équilibre dans ses livres et entrainer son lecteur à travers les étoiles. Avec ce qu’il faut d’action et de sang, de suspens et de questionnements pour tenir l’attention de son lecteur. Une belle découverte. Un auteur que je suivrai.

Les autres livres de cette série : le premier volume, Braises de guerre ; le deuxième, L’armada de marbre ; et enfin le troisième et dernier volume, L’éclat d’étoiles impossibles.

Présentation de l’éditeur : Et si la solution pour imposer la paix se trouvait dans une autre dimension ? Alors que la civilisation humaine s’écroule sous les assauts de l’armada de Marbre, le Chien à Problèmes, malgré de nombreuses avaries, et son équipage, non moins épuisé, ont fait le vœu de sauver ce qui peut encore l’être. Ils sont en route vers l’Intrusion, une région de l’espace où la réalité elle-même semble mise à mal. Le Chien y trouvera-t-il une arme susceptible de venir à bout de la dangereuse, et prétendument invincible, armada ? À moins qu’il ne reçoive de l’aide de Cordelia Pa, une jeune femme qui vit sur les Plaques, des plates-formes artificielles flottant dans l’espace et qu’elle est la seule à entendre chanter ? La survie de l’humanité repose désormais sur leurs seules épaules. L’Éclat d’étoiles impossibles offre une conclusion inattendue à la trilogie « Braises de guerre », mais réserve toujours son lot d’aventures et de combats spatiaux endiablés.

Denoël, collection « Lunes d’encre » – 11 mai 2022 (roman traduit de l’anglais par Mathieu Prioux –Light of Impossible Stars (2020) – 363 pages – Illustration : Alain Brion – 23 euros / numérique – 16,99 euros)

Merci aux éditions Denoël pour ce SP.

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