Planète Brasília, Jean-Yves LOUDE

Présentation de l’éditeur : « Longtemps, je t’ai dit qu’un jour j’irai à Brasília. Tu ne me croyais pas. Pourquoi Brasília ? C’était une ville que l’opinion commune en Europe avait classée à l’inventaire des choses froides et peu animées, vissée artificiellement au centre d’un pays dont on persistait à admirer la façade atlantique. Et si cette façade masquait une profondeur intérieure ? Brasília avait éveillé la curiosité internationale le temps d’une fête et, depuis, les médias s’étaient peu souciés de suivre son évolution. Je n’ai jamais oublié Brasília. »

Mon avis : Quand j’ai vu le titre de ce livre, j’ai automatiquement pensé à L’Homme de Rio, film de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo, sorti en 1964. La course-poursuite dans les rues de la capitale brésilienne m’avait durablement marqué : ces rues gigantesques, cernées par de vastes étendues terreuses, sèches, désertiques ; ces immeubles en construction, vertigineux, dont certains aux formes originales. Depuis, j’ai toujours eu l’oreille sensible à chaque mention de cette ville. Aussi, ai-je été ravi d’être choisi lors de l’opération Masse critique Babelio de janvier pour recevoir cet ouvrage. Merci donc à ceux qui gèrent cette opération, ainsi qu’à l’éditeur de Tertium éditions qui a, en plus du livre, eu la gentillesse d’écrire un petit mot d’accompagnement.

Ce livre se présente comme une longue lettre adressé à Leuk. C’est en fait le surnom donné par l’auteur à sa femme, Viviane, dans ses autres récits. Lui-même, d’ailleurs, dans ces textes, se donne le surnom de Lion (en référence à une anecdote avec un vieil Africain). Dans Planète Brasília, l’auteur décrit son voyage dans la capitale du Brésil. C’est l’occasion de découvrir l’histoire de la ville, mais aussi son architecture et, par bribes, la vie de ses habitants.

Congrès national du Brésil, cathédrale de Brasilia, Axe monumental, palais de l’Aurore, pont Juscelino Kubitschek
Par Chronus — Cette image vectorielle contient des éléments, éventuellement modifiés, qui ont été extraits de : Palacio Alvorada commons.jpg (de Thum Fel) ; BSB Ponte JK 08 2005 45 8×6.JPG (de Mariordo) ; Catedral1 Rodrigo Marfan.jpg (de Rodrigomarfan) ; Brasilia aerea setorbancariosul.jpg (de Governo do Brasil) ; Planalto Central.jpg (de Arturdiasr) ; Congresso Nacional do Brasil em noite de lua cheia.jpg (de Rodolfo Stuckert)., CC BY-SA 3.0,
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Jean-Yves Loude sait y faire pour nous conduire sur ses pas. La promenade est agréable. Et cultivée, ce qui ne gâte rien. Il procède par petites touches, mais avec ordre. D’abord l’arrivée et les premières impressions : une ville qui correspond à ses attentes. Mais la sécheresse de l’air, tout de suite. La nécessité de boire beaucoup car nous sommes sur le site d’un ancien désert. Et l’air est sec, très sec. Puis le règne de la voiture. Brasília a été pensée vaste, si vaste que le moyen de transport est obligatoirement la voiture. Pas ou peu de passages protégés (ils sont récents). Et jusqu’à peu, pas de feu tricolore. D’où la mise en danger permanente si l’on veut traverser la moindre route (très large). D’où, aussi, un triste record de victimes de la route.

Et, surtout, l’espace : les emplacement sont préservés et bloqués. Pas question pour un entrepreneur de profiter du rachat d’une parcelle pour construire de hauts immeubles. Taille limitée ! Pas question non plus de remplacer un parc par des maisons ou des immeubles. L’espace nécessaire à la respiration doit être préservé. Et cela fait de Brasília une ville bien particulière. Avec d’immenses espaces « vides ». Avec des monuments mis en valeur par des places larges aux alentours. L’impression qui ressort de la lecture de ce livre, c’est une absence de piétons dans nombre d’endroits. Mais une foule agglutinée (en ces temps de Covid, cela fait presque rêver) dans les lieux de vie, de fête. Les bars, par exemple, que l’auteur fréquente avec délectation. Pour y profiter de la bière fraîche (et il donne fortement envie d’en ouvrir une, malgré le froid actuel). Mais, surtout, pour y découvrir ce qui manque quand on est un touriste pressé courant d’un musée à une cathédrale : la vraie vie du lieu et de ses habitants. Car chaque cité a ses habitudes, son rythme, son histoire.

Et ce dernier point est capital pour Brasília, qui est une ville récente. Rappelons que c’est une volonté du président Juscelino Kubitscheck de Oliveira (de 1956 à 1961) : il pensait que Rio n’était pas propice à être le centre de son immense pays. Il fallait un lieu plus représentatif, qui ne soit pas seulement un lieu de plaisir et de fête balnéaire. Il voulait une vitrine pour le monde, reprenant les éléments principaux du Brésil. Et, à en croire Jean-Yves Loude, malgré tous ses défauts, dont le traitement subi par les ouvriers qui l’ont construite, rejetés en périphérie et oubliés, Brasília est une réussite.

J’avais déjà très envie de visiter Brasília. Cet ouvrage m’a conforté dans ce désir. Vivement que la Covid nous laisse en paix (et que mon compte en banque me le permette).


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