Arborescentes. 1, Frédéric DUPUY

Attention, ouvrage atypique en vue ! On y trouve pêle-mêle des fées, des tribus amazoniennes, des chercheuses en botanique, des animaux qui parlent, des jeunes filles caractérielles. Bref, tout un mélange terriblement sympathique bien que quelquefois foutraque qui nous conduit de forêts profondes en ile battue par les flots, d’appartement dans le plus pur style Art nouveau en laboratoire hyper-moderne. Quand la magie et la science se rencontrent pour le pire et le meilleur.

Une tétralogie programmée

Comme l’indique le chiffre 1 ornant le bandeau jaune, Arborescentes n’est pas un roman unique. Il fait partie d’une saga qui doit déjà être écrite, puisque la parution des autres tomes est déjà programmée. Et, chose rare et très appréciable, dans des délais plus que raisonnables. Imaginez : le tome 2 pour le mois de mai, le tome 3 pour le mois d’août et, enfin, le tome 4 pour le mois de novembre ! C’est une chance et un argument pour toutes celles et ceux qui hésitent à commencer la lecture d’une nouvelle série parce qu’on ne sait pas bien quand elle s’achèvera, si seulement elle s’achèvera et qu’on oublie tout entre chaque volume et qu’il est difficile de retourner dans l’histoire. Des arguments très entendables, mais qui n’ont pas lieu d’être dans ce cas précis. Alors maintenant que vous êtes toutes et tous rassurés, attaquons-nous au contenu. Non sans voir affirmé que je trouvais très belle la couverture, même si le titre y est assez peu lisible (le bandeau est vital).

On s’accroche

Comme je l’écrivais en introduction, pour apprécier Arborescentes, il faut s’accrocher. Car à peine s’est-on habitué à un personnage, à un lieu, à une intrigue que Frédéric Dupuy (que l’on connaît comme éditeur : les éditions 1115, c’est lui) nous emmène complètement ailleurs. Et quand je dis ailleurs, je parle aussi de genre littéraire. Car l’auteur mélange allègrement la magie au réalisme scientifique, les intrigues adultes aux passages plus proches des enfants. On est donc tiraillé dans pas mal de sens. Et, au début, il m’a été difficile de savoir sur quel pied danser et donc de m’attacher à quiconque. Ce trop-plein de tout m’a fait penser aux déclarations du réalisateur Jean-Pierre Jeunet à la sortie de son immense succès Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Il disait avoir jeté toutes ses idées dans un seul film. Et là, j’ai parfois eu l’impression que Frédéric Dupuy faisait de même (j’en profite pour lui souhaiter le même succès avec ses livres que le film de Jeunet). Mais, malgré cela, j’ai vite retrouvé mes marques. En fait, c’est une œuvre qui comporte quatre tomes. Il est donc normal que la période de présentation soit un peu plus longue que dans les romans isolés. Et mes hésitations disparues, j’ai pu m’immerger avec délice dans cette histoire dont je n’ai aucune idée de l’endroit où elle va m’emmener à la toute fin. Tout ce que je peux dire, c’est que l’intrigue tourne autour d’une mystérieuse plante-grenouille et de ses pouvoirs qui étonnent tout le monde, y compris les scientifiques les plus avertis. Et que beaucoup de monde est prêt à tout pour se l’approprier.

Mais il avait des caméras partout. Chaque pièce, chaque centimètre carré de sa forteresse était filmé. Comme chaque lieu ou entreprise en sa possession. Il voyait tout, contrôlait tout depuis son bureau. Sans que personne ne le voie jamais en retour.

Des personnages forts

Pour nous conduire tout au long de ce récit, une galerie de personnages, tous plus étranges et marqués les uns que les autres. Il est d’ailleurs impossible de les confondre. Cela me change de ces romans où je m’emmêle dans les prénoms et les relations. Ici, chacun est très droit dans ses bottes. Peut-être un peu trop, d’ailleurs, pour le méchant. J’espère qu’il va évoluer un peu dans les prochaines pages, celui-là, car il est trop froid, trop dur, trop caricatural. Je n’aime pas le manichéisme et ce type me fait un peu peur pour la suite. Par contre, parmi les autres protagonistes, j’ai eu du choix. Entre la scientifique aventurière qui aime fumer une pipe démesurée, la vieille gardienne au style suranné et aux sentiments bien enfermés, la jeune fille totalement asociale, la faute à une enfance particulièrement difficile, et j’en laisse beaucoup de côté. Car Frédéric Dupuy nous offre un vaste panorama de l’humanité. Pas nécessairement dans ce qu’elle possède de plus gratifiant au premier abord. Il ne les gâte pas ses héroïnes et ses héros. On voit avant tout leurs défauts. Mais c’est cela qui les rend attachants, au fond. Car malgré tout, ils sont humains et réagissent à leurs émotions, à leurs envies, à leurs peurs. Et c’est leur force et leur faiblesse.

Si vous voulez comprendre ce qu’est la plante-grenouille et pourquoi des gens se battent pour l’obtenir, si vous voulez découvrir la Serre et son bestiaire digne d’un film de Tim Burton, si vous pensez que les enfants enfermés dans les orphelinats ont le droit de rêver à une autre vie, précipitez-vous sur Arborescentes, une lecture rafraîchissante et pleine d’idées. De mon côté, j’attends avec impatience la suite qui ne devrait pas tarder.

Présentation de l’éditeur :

Certaines vérités sont enfouies pour de bonnes raisons. Il y a des énigmes très anciennes, des mystères qu’il ne faudrait pas résoudre.

Il est des endroits dans le monde dont on ne saurait dire qu’ils accueillent des enfants tant les environs sont lugubres et les lieux austères.

Tel est l’orphelinat des Sœurs Aniel. Avec ses grandes fenêtres à barreaux et ses portes en métal aux lourds battants, on croit entrer dans une ancienne prison, ou dans un asile de fous. Ou pire encore, dans une banque.

Petite, boulotte et bougonne, avec des yeux cernés jusqu’à l’os, Hélène y vit dans une minuscule chambre et n’en sort que la nuit. Hélène a juré de ne plus dormir, et c’est un travail de tous les instants. Elle est atteinte de la Maladie de la Belle au Bois dormant, qui peut frapper à tout moment et l’emporter dans un sommeil infini, comme sa mère avant elle.

Il n’existe pas de remède, aucun traitement connu à cette forme de narcolepsie, qui demanderait des dispositifs bien trop coûteux pour le nombre de cas connus en France, même pour des laboratoires aux poches profondes. Même pour les laboratoires Varkoda, dirigés par l’inflexible héritier de la famille fondatrice, connu pour s’arroger des brevets au prix de la destruction de la jungle équatoriale amazonienne, et au mépris de la vie humaine.

Et pourtant, une étrange infirmière entraîne Hélène dans son sillage, vers un hôpital et un monde aux ressources inexplicables, un lieu extraordinaire, enchâssé dans une forêt introuvable tel un bijou brillant dans un écrin vert, qui lui offrira peut-être un avenir, et un rôle à sa mesure dans le combat fantastique qui s’annonce. Car les forces ancestrales bientôt réveillées par Hélène et Arès Varkoda dépassent l’entendement, et l’équilibre fragile entre nature et humanité est en péril.

Une saga épique en quatre volumes d’une inventivité débridée, dont l’intrigue ciselée entraîne le lecteur sur des rivages inexplorés.

Bragelonne – 14 février 2024 (roman inédit – Illustration : Agathe Pitié – 380 pages – Édition brochée : 25 €)

Merci à Frédéric Dupuy et aux éditions Bragelonne pour ce SP.

D’autres lectures : Zoé prend la plume


22 réflexions sur “Arborescentes. 1, Frédéric DUPUY

  1. J’avoue que malgré un projet éditorial que je valide à 100% et une fort belle couverture, je ne trouve pas le petit truc qui pourrait me séduire dans cette intrigue ultra foisonnante. Je vais donc passer mon chemin mais lire avec curiosité tes prochains avis sur la suite car je reste curieuse. Sait-on jamais ^^

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  2. J’ai découvert ce livre chez Zoé prend la plume, où justement je lui disais que si elle n’avait pas évoqué le titre dessiné dans l’arbre, je ne l’aurais même pas remarqué. Comme toi, je trouve que le bandeau est plus qu’utile pour le coup ! Pourtant j’aime beaucoup les couleurs de cette couverture, mais ça manque un peu de lisibilité. 😇 Je suis intriguée par cette plante grenouille mais j’avoue que le mélange de genre en début, m’effraie un peu, j’ai peur de perdre le fil. A voir donc, merci pour cette chronique. 🙂

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      1. Tu es loin d’être seul à mon avis concernant cette couverture. Oui, la suite apportera certainement plus de stabilité à ce mélange. Je vais attendre de lire les chroniques sur les prochains, quand ils sortiront, pour me décider. 🙂

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      2. Oui, c’est ce que j’ai vu dans ton article, les prochaines sorties sont déjà programmées. C’est rassurant d’une certaine manière, de savoir que la série aura bien ses prochains tomes et surtout une fin. 😁

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  3. « mystérieuse plante-grenouille et de ses pouvoirs qui étonnent tout le monde, y compris les scientifiques les plus avertis » Ces quelques mots ont suffi à assez m’intriguer pour me donner envie d’ajouter cet étonnant roman à ma liste d’envies.

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  4. Oh je suis très surprise et contente que ce titre t’ait plu, malgré tes quelques réserves (comme moi) ! Rafraîchissant et plein d’idées : je suis totalement d’accord !

    Pour en avoir reparlé avec l’auteur après, j’ai compris que les passages que j’avais trouvés longuets ont en fait leur utilité – et d’ailleurs, j’ai déjà zappé quelques indices dans ce premier tome. Il faudra donc que je le relise avant le suivant. Visiblement, tout a son utilité et tout est pensé, alambiqué et dans l’esprit d’un puzzle. Je pense donc avoir plus de facilités pour m’y retrouver en lisant les 4 d’affilée…

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