Cristalhambra, Richard CANAL

La Terre n’est plus la seule à accueillir les humains. Ces derniers ont réussi à conquérir d’autres planètes. Une Fédération dirige cet ensemble divisé en huit Quadrants. Mais évidemment, l’échelle ne change rien aux bonnes vieilles habitudes : chaque camp possède ses intérêts propres et est prêt à tout pour les défendre. Au centre de la partie, au début du roman, la question suivante : l’humanité doit-elle continuer à étendre son territoire à travers les étoiles ou doit-elle enfin s’arrêter et se concentrer sur ce qu’elle possède déjà ?

Un revenant pour moi

De Richard Canal, j’avais lu Swap-Swap et Ombres blanches, parus chez J’ai lu avec des couvertures, toujours marquantes de Caza. Et j’avais apprécié. Mais cela remonte à de longues années. Et puis je n’avais plus entendu parler de cet auteur jusqu’à son nouveau roman chez Mnémos, Upside down. J’ai hésité à le lire et les quelques critiques que j’ai pu apercevoir ne m’ont pas donné envie. Mais quand est sorti Cristalhambra, j’ai quand même voulu tenter à nouveau ma chance auprès de cet auteur. Et je ne le regrette pas. Ce roman ne m’a pas bouleversé, mais il m’a bien plu et a éveillé une légère nostalgie par certains thèmes abordés.

Trois axes narratifs

Trois personnages principaux, trois lieux, trois univers. Tout d’abord Zared, conseiller de la chancelière de la Fédération. À travers lui, nous découvrons les arcanes peu reluisants du pouvoir et les tractations égoïstes qui gèrent les relations entre les huit Quadrants. On en apprend un peu plus sur la géographie de cette zone. Les Quadrants correspondent, à une exception près, à d’anciennes régions de la Terre. Le seul qui se différencie des autres est le Quadrant des Toshigawa. Issu d’une famille japonaise qui a découvert un moyen de voyager rapidement entre les étoiles, il ressemble furieusement aux zaibatsus dont William Gibson vantait les mérites et les dangers dans sa trilogie de Neuromancien (dont Comte Zéro). Le chef du clan est un vieillard qui garde la jeunesse et la forme grâce aux technologies les plus à la pointe. Il aime vivre dans un univers calqué sur le Japon classique. Avec les cerisiers en fleurs et tout le tralala. Grâce au Digital World et aux puissantes I.A. qui le composent, tout un chacun peut s’imaginer vivre dans le cadre qu’il désire. Et donc, chez les Toshigawa, c’est un retour vers le passé nippon. Et il nous reste un protagoniste, bien différent des autres : Inti, un jeune garçon perdu sur une planète de glace. Il semble condamné, comme les autres habitants de cette planète oubliée de la Fédération. Car les villes-vertige qui permettaient aux humains de résister aux conditions particulièrement rudes qui règnent à la surface de ce monde se sont fait la guerre et sont en train de mourir, les unes après les autres. Quel intérêt pour l’histoire que cet individu dont le sort semble réglé ? Il va entrer en possession d’un objet recherché par beaucoup. Dont un secte religieuse extrêmement puissante et qui n’hésite pas à employer tous les moyens, même les pires, pour parvenir à ses fins. Où le roman se pique légèrement de réflexion sur le destin de l’être humain et d’eschatologie.

Un bon rythme

Voilà, vous avez le programme. Richard Canal tisse, au cours du roman, ces trois fils. Il noue et dénoue les intrigues pour amener, comme de bien entendu, la rencontre des personnages pour le climax final. Ce n’est pas d’une originalité folle, mais cela tient la route. Et certaines idées ne manquent pas de puissance. Et, si certains personnages sont à la limite de la caricature (j’ai eu du mal avec le chef du clan Toshigawa, qui est le modèle type du gros méchant égoïste prêt à sacrifier sa famille pour ses propres besoin, sauf que…), d’autres m’ont davantage touché. Zared, par moments. Même s’il est parfois trop larmoyant à mon goût. Et pour mixer tout ça, une histoire qui mérite le détour, sans trop de prise de tête mais sans simplisme outrancier. Les rebondissements m’ont permis de ne pas voir passer les pages. D’autant que l’auteur fait alterner des chapitres courts. Très efficace : les pages tournent à la vitesse de l’éclair. Et l’histoire file.

Ces retrouvailles avec Richard Canal se sont plutôt bien passées. Après Cristalhambra,je me sens prêt à repartir avec lui pour de nouvelles aventures.

Présentation de l’éditeur : L’humanité a quitté la Terre pour essaimer dans les étoiles. Huit Quadrants, héritiers des anciennes puissances, se partagent l’univers exploré. Cet équilibre précaire est remis en question le jour où Kuniaki Toshigawa, maître du Quadrant le plus puissant, annonce qu’il va mourir. Rien n’est moins sûr, car dans ce monde où s’interpénètrent Digital World et Analog World, où coexistent individus réels, projections holographiques 3D et doubles physiques impossibles à distinguer, la fiabilité des informations est devenue une utopie. Le mensonge, un art. Alors qu’une course au pouvoir s’annonce, un jeune garçon et son peuple, installés sur une planète de glace, vivent les dernières heures d’agonie des villes de cristal. Pendant ce temps, dans l’ombre, un ordre religieux tente de retrouver son influence passée en détruisant les dernières traces d’une légende, celle d’une planète fantôme où se retrouveraient les âmes des défunts : Animamea. Hommage à la culture zen, Cristalhambra est le roman d’une humanité qui en appelle à ses motivations intérieures les plus précieuses pour trouver la paix. Créateur sans pareil d’histoires et de mondes alliant à la fois technologie et poésie, physique et métaphysique, individualité et universalité, Richard Canal nous entraîne, avec ce nouveau roman, dans un univers emporté par la tourmente comme une fleur de cerisier dans le vent.

Mnémos – 22 mars 2023 (roman inédit – 297 pages – 21,50 euros)

D’autres lectures : Légende (Aramis Mousquetayre) – Lectures du panda


3 réflexions sur “Cristalhambra, Richard CANAL

  1. Jamais tentée par Upside down, j’avoue qu’à l’inverse Crisralhambrz le tente à force de voir passer vos belles chroniques avec des thèmes qui me parlent. Je testerai peut-être surtout qu’il semble bien se lire ^^

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