Le Restaurant de l’amour retrouvé, OGAWA Ito

Présentation de l’éditeur : Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.

Mon avis : J’ai choisi de lire cet ouvrage pour le côté « restaurant » du titre plus que pour le côté « amour », mes goûts me portant davantage vers la gastronomie que vers le romantisme. Et cette partie ne m’a pas déçu : quel dépaysement, quel voyage ! L’énoncé de certaines recettes, les accords des mets, l’amour porté aux produits, leur description… Cela m’a entraîné à faire des recherches sur Internet pour voir à quoi ressemblaient ces ingrédients, ces plats (car, et c’est peut-être dommage, aucune note n’explique les noms japonais : certes, cela aurait ralenti l’histoire, mais si peu ; et cela m’aurait beaucoup apporté). Et cela m’a donné des idées pour la cuisine, qu’il va me falloir tester au plus vite (quand j’aurai trouvé certains des éléments pas toujours évidents à dénicher sous nos latitudes quand on habite pas une grande ville).

Mais sans parler de les réaliser, ces recettes font voyager par leurs sonorités, par les accords proposés et par les liens que l’autrice fait avec la nature qui l’entoure. En plus, elle lie la nourriture aux sentiments. On mange différemment selon son état d’esprit. C’est d’ailleurs une des forces de la protagoniste principale : créer un menu personnalisé, après avoir discuté avec ses futurs clients. L’idée est belle, terriblement humaine. Savoir lire le goût des autres. En tout cas, cela fonctionne pour elle. Et ses client sont ravis, tout émoustillés par Soupe d’Amour, au contenu différent selon le jour et l’inspiration, les découvertes dans la montagne et l’approvisionnement.

Mais le côté culinaire reste finalement en arrière-plan, car le restaurant n’est qu’une pierre de la reconstruction de cette jeune femme terriblement perturbée par le départ de son amoureux (quel cuistre, celui-là : partir ainsi en emportant tout, argent comme matériel, y compris les ustensiles de cuisine achetés avec amour). À tel point qu’elle en a perdu la parole ! Il lui faudra se réconcilier avec elle-même et avec sa famille, découvrir des vérités cachées et pas nécessairement agréables.

La vie, c’est beaucoup plus de chagrins que de joies, et c’était particulièrement vrai dans mon cas, mais j’avais quand même vécu en m’appliquant à saisir au vol de petits bonheurs.

Et c’est là qu’on en arrive à ce qui m’a le moins plu dans ce roman. Certaines situations confinent à une immense naïveté ou à une grande sagesse, je l’ignore. Je sais que certaines sociétés, certaines religions, placent les animaux sur un plan proche de celui de l’être humain. Mais quand la narratrice s’occupe du lapin ou du cochon de sa mère, parfois, cela m’a paru trop. Heureusement que les passages en question n’étaient pas trop longs, car j’ai systématiquement décroché. Un peu comme quand l’autrice utilise des formules passe-partout mêlant sentiments à contemplation de la nature. Parfois c’est beau, parfois c’est simpliste à mon goût.

Mes souvenirs les plus chers, je les range bien à l’abri dans mon cœur, et je ferme la porte à clé. Pour que personne ne me les vole. Pour les empêcher de se faner à la lumière du soleil. Pour éviter que les intempéries ne les abîment.

Mais cela n’enlève rien au caractère lumineux de ce Restaurant de l’amour retrouvé, promenade enthousiasmante dans une montagne à la neige légère et au froid revigorant, aux personnages attachants malgré leur rudesse (pour certains). Et cela m’encourage à tenter encore de lire les ouvrages d’Ogawa Ito, histoire de voir si je bascule du côté de la tendresse et de la lumière.


3 réflexions sur “Le Restaurant de l’amour retrouvé, OGAWA Ito

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s