Les Nuages de Magellan, Estelle FAYE

Estelle Faye est un nom que je connais bien. J’ai même plusieurs titres dont elle est l’autrice dans ma P.A.L. (si on peut encore l’appeler comme cela, étant donné qu’elle s’étend sur plusieurs étagères). Mais je n’avais encore jamais ouvert un de ses livres, malgré tout le bien que j’avais entendu à son propos.

Cette lacune est corrigée avec ce roman qu’on pourrait plutôt cataloguer comme Y.A., tant certains passages sont rapidement évacués. Mais n’allons pas trop vite. Les Nuages de Magellan, c’est un space opera efficace et bien fichu, avec des personnages de premier plan forts, une histoire d’amitié très réaliste et beaucoup d’action. Un jeune serveuse, suite à un évènement particulièrement violent (la répression violente et meurtrière d’une grève par les propriétaires), improvise un chant de résistance (il faut dire qu’elle était complètement défoncée et ne se rappelait plus rien le lendemain) et se retrouve recherchée par les Compagnies, devenue malgré elle un symbole de résistance. Elle s’échappe dans le vaisseau d’une ancienne pirate, qui avait mené, voilà des années, la résistance contre ces mêmes Compagnies. La boucle est bouclée, la transmission va pouvoir s’effectuer entre les deux générations.

Mais tout n’ira pas de soi : les deux femmes vont devoir se découvrir, s’accepter, s’apprivoiser. Et cette naissance d’une amitié forte, Estelle Faye la raconte avec talent. Même si on imagine bien depuis le début la suite logique de la rencontre, les différentes étapes de leur relation, les multiples péripéties s’enchainent avec un grand naturel et sans que l’on soit en train de chercher les ficelles. Par contre, les autres personnages sont laissés à l’état de silhouettes. On les prend et on les jette quand on n’en a plus besoin. La nécessité de faire court, peut-être, de s’attacher à l’essentiel. C’est dommage et cela catalogue, comme je l’ai écrit plus haut, ce roman dans une littérature plus légère, malgré les thèmes abordés.

Nous ne sommes pas asservis à notre nature. C’est cette liberté qui fait de nous des êtres humains.

Pour cadre, l’autrice a choisi le monde des pirates. De l’espace. Pas tout à fait Albator, mais cela n’empêche pas de rêver. C’est fou comme cet imaginaire est puissant : des tyrans dominateurs qui veulent imposer leur ordre à des foules assommées. Mais soudain, quelques-uns se dressent contre la violence et, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, allument la mèche qui peut faire exposer toutes ces injustices. Ou pas. On ne peut qu’être pris par cet espoir de renverser l’ordre (injuste) établi, de voir les petits triompher des grands égoïstes, éternelle rengaine toujours d’actualité hélas.

Les Nuages de Magellan se sont donc révélés être une lecture très agréable et, malgré mes réserves, m’ont donné envie de poursuivre la découverte de l’univers de cette autrice si importante dans le panorama de la littérature SFFF française.

Présentation de l’éditeur : XXVIIe siècle. L’Humanité s’est étendue à toute la Voie lactée. La nouvelle frontière, ce sont désormais les Nuages de Magellan. Mais les explorateurs ont cédé le pas aux toutes-puissantes Compagnies… Sur Ankou, Damian Sabre, le leader des pilotes, veut renouer avec les rêves d’aventure jadis offerts par l’espace ; il exige des Compagnies qu’elles redonnent aux spatiaux la liberté de mouvement qui leur est désormais refusée. Aux confins de la galaxie, Dan, une jeune serveuse, chanteuse de blues dans un bar miteux à ses heures, rêve de partir vers les étoiles. Elle est fascinée par Mary, une cliente mystérieuse dont on murmure qu’elle aurait été membre de la Grande Piraterie. Car un mythe court : sur une planète soigneusement dissimulée, les derniers pirates auraient créé une république idéale. Et si c’était vrai ?

D’autres avis : Le Syndrome Quickson, BookTrotteuse, Acaniel, Les Portes du Multivers


5 réflexions sur “Les Nuages de Magellan, Estelle FAYE

    1. Je peux comprendre et c’est ce qui me refroidit un peu quant à la lecture d’autres romans d’Estelle Faye.
      Et d’après ce que j’ai compris de tes goûts en lisant tes billets, je pense qu’effectivement, cela risque de ne pas te plaire vraiment.

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