L’Armée fantoche [Capitale du Nord. 3], Claire DUVIVIER

Nous y voilà ! Depuis plusieurs mois, plusieurs années, je suis, avec beaucoup d’autres, cette superbe aventure que représente La Tour de Garde. Deux trilogies intimement mêlées, habilement liées. L’histoire de Capitale du Sud et de son héros, Nox, s’est achevée dans Les contes suspendus de Guillaume Chamanadjian. L’Armée fantoche de Claire Duvivier vient clore, brillamment, le récit dont Amalia est le centre, celle de Capitale du Nord.

Un dilemme

Amalia est à la Tour de Garde, dans la petite communauté que Nox met en place progressivement. Cette idée de vivre ensemble sans chef, sans grade, sans hiérarchie. Mais elle reste un peu en dehors du cercle. Car elle encore emplie d’une volonté de vengeance. Tout son monde s’est écroulé. Sa famille a été détruite. Sa ville est une quasi dictature depuis que leur tentative de révolte a échoué, menant à la mort la plus grande partie des conjurés. Et Amalia a trouvé un des responsables du chaos qui fait trembler la capitale du Sud comme la capitale du Nord. Cet être magique qui a pris possession du corps de Delhia, sœur d’Hirion, son ancien ami qui s’est étrangement suicidé après avoir commis un massacre à la fin du premier volume, Citadins de demain. De plus, elle pense connaître un moyen de se venger, grâce à la magie. La voilà donc hésitante, perdue entre deux voies possibles : tenter d’oublier en se plonger dans la nouvelle aventure d’une société plus égalitaire, ou tenter d’achever ce qui a été commencé et mettre fin à la menace que représente le Héraut.

C’est une belle utopie.

Des interrogations à l’action

Mais elle ne va pas avoir le choix finalement. Car, une fois de plus, les évènements vont décider pour elle. Et Claire Duvivier nous entraîne là où on ne l’attendait pas. En dehors de la communauté qui s’est tissée autour de la tour de Garde. Vers des ennemis en apparence nombreux et puissants. Vers un passé qui explique bien des choses. Amalia ne reste pas finalement à ressasser ses doutes. Isolée, volontairement (c’est son caractère, elle a du mal à parler en société, à être en confiance, à s’intégrer à un groupe, à une communauté), elle finit par prendre le taureau par les cornes et à prendre le parti de l’action. Et de la magie.

Mais, du début à la fin de ce roman, qu’on soit plongé dans les tergiversations d’Amalia ou qu’on la suive dans ses déplacements, aucun ennui, aucun temps mort. Claire Duvivier a su, encore plus dans ce tome que dans les autres je trouve, nous entraîner à sa suite. J’ai plongé dans ce roman et n’en suis ressorti qu’à la dernière page. Je me suis même forcé à ralentir un peu le rythme pour ne pas gâcher mes derniers moments dans ce monde qui m’a porté si longtemps. Tout le temps on est sollicité par un personnage, un nouvel évènement. Et tout cela de façon naturelle. L’histoire coule du début à la fin sans que l’on se surprenne à en sortir. Immersion totale.

Et pourquoi est-ce qu’il faudrait tout comprendre, à la fin ? 

En abordant ce dernier tome, j’avais un peu peur de redites, de passages trop proches du roman de Guillaume Chamanadjian, Les contes suspendus. Je craignais un peu de m’ennuyer par moments. Mais c’était sans compter sur le talent de ces deux auteurs. Car Claire Duvivier et son compagnon d’écriture ont construit des histoires qui se complètent et s’interpénètrent parfaitement. Les évolutions d’une trame vont nourrir celles de l’autre, sans que le lecteurice n’éprouve aucune lassitude. Au contraire, on recherche les clins d’œil, les allusions à l’autre trilogie, aux autres personnages. On voit les parallèles, les différences. Cette complémentarité saute aux yeux et participe de la joie de lecture. Merci à Claire Duvivier et Guillaume Chamandjian pour leurs superbes récits (et Aux forges de Vulcain pour les avoir édités) qui sont capables de faire vivre, pour nous, des femmes et des hommes si pleins de sève, si vrais, qu’ils semblent se dresser devant nous avec leurs sentiments, leurs envies. J’ai attendu les parutions des six tomes à chaque fois avec impatience car j’ai aimé me promener dans les rues de ces capitales et de partager les émotions de Nox, d’Amalia et de tous les autres. Et je les porterai longtemps avec moi.

Ce roman appartient au cycle de la Tour de garde, composé de deux trilogies écrites par deux auteurices : Capitale du Sud par Guillaume Chamanadjian est composée de Le sang de la cité, de Trois lucioles et des Contes suspendus ; Capitale du Nord par Claire Duvivier est composée de Citadins de demain, de Mort aux geais ! et de L’Armée fantoche.

Présentation de l’éditeur : Après l’échec de la conjuration du Solstice, Amalia Van Esqwill et Yonas Russmor ont fui Dehaven et trouvé refuge dans les ruines de la tour de Garde. Aidés d’autres fugitifs, ils tâchent d’en faire un havre de paix pour tous ceux que la répression ou la guerre chassent de chez eux. Pour autant, la jeune femme n’oublie pas que le héraut des tréfonds menace encore. Mais comment parviendra-t-elle à l’arrêter ? Malgré toute son éducation, elle ne connaît ni l’usage des armes, ni l’art de la magie…

Aux forges de Vulcain – 6 octobre 2023 (roman inédit – Illustration : Elena Vieillard – 544 pages – 22 euros)

Merci aux éditions Aux Forges de Vulcain (David Meulemans et Alejandro) pour ce SP.

D’autres lectures : Boudicca (Le Bibliocosme)Jean-Marc Laherrère (Actu du Noir)Le Dragon GalactiqueCélinedanaë (Au Pays des Cave Trolls)


12 réflexions sur “L’Armée fantoche [Capitale du Nord. 3], Claire DUVIVIER

  1. Il faut vraiment que je commence à me plonger dans l’univers de ces romans. Être constamment sollicitée, c’est quelque chose que je recherche dans mes lectures et qui m’assure d’être complètement immergée dans un récit.

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