Second sorcier [Ars Obscura. 2], François BARANGER

1815. Waterloo. Bataille célèbre dans toutes les têtes, même si l’on n’en connaît pas nécessairement grand-chose. Elle est au centre de ceux deuxième tome de la série Ars obscura de François Baranger. Tous les personnages que nous avons découvert dans Sorcier d’Empire sont là et finissent par se croiser. Et ces rencontres vont être électriques.

Une montée en puissance

Sorcier d’Empire, et c’est normal pour un premier volume, prenait le temps de poser le décor et les personnages. J’avais d’ailleurs eu un peu de mal à rentrer dedans. Mais quand l’action s’était mise en route, difficile de lâcher le livre. Dans Second sorcier (qui débute par un petit résumé fort bien fait et, surtout, fort bienvenu), pas de temps de latence, pas de moment d’hésitation, on repart directement dans le feu de l’action. Et de l’action, et du feu, on va en avoir. Car si François Baranger a mis en place ces protagonistes aux parcours et aux buts si différents, ce n’est pas pour qu’ils boivent le thé ensemble. Vraiment pas !

Ludwig, au mystérieux passé, Éthelinde et Mathurin, aidés de Lithian, la vieille savante sortie de sa retraite, poursuivent leur recherche de la vérité : d’où vient Ludwig et que sont devenues ses épouse et fille ? Où est désormais le père d’Éthelinde ? Des questions qui vont trouver des réponses dans ce roman. De son côté, Irénion, le capitaine d’un régiment des Sentinelles intérieures, en désaccord de plus en plus frontal avec ses supérieurs et, surtout, la Garde hermétique, va devoir faire des choix. Il avait déjà décidé d’aider Ludwig à s’échapper. Poursuivra-t-il dans cette voie et lui apportera-t-il son soutien lorsque celui-ci tentera de faire s’évader Éthelinde et Mathurin ? Ou rentrera-t-il dans le rang, du même côté que Joachim, qui décidément a bien mal tourné ? Et tout cela n’est qu’une partie des interrogations qui taraudent le lecteur.

L’histoire se fait devant nos yeux

Car, outre les destins individuels, nous assistons à une page d’Histoire. Pas celle que nous ont enseignée nos professeurs, mais celle, différente, qu’a imaginée François Baranger. Et l’on découvre que les écarts avec notre réalité sont plus nombreux qu’il n’apparaissait dans Sorcier d’Empire. L’intrigue se densifie et les ramifications historiques prennent de l’ampleur. Il faut dire que la magie est intervenue dedans avec cette « Anomalie » dont on ne sait jusqu’ici (et encore à la fin du roman) pas grand-chose. Mais ses conséquences sont gigantesques et imprévisibles. Car, même Élégast, le sorcier de Napoléon, dont on connaît l’origine non-humaine, ne peut voir au-delà de Waterloo. Le moment où toutes les lignes se rejoignent, où les destins vont se jouer, où les morts vont se compter par milliers. La description de cette bataille, qui s’étend sur plusieurs chapitres (petit rappel : on change régulièrement de narrateur et donc de point de vue, en revivant parfois certaines scènes vues de l’autre côté) et fonctionne même quand on ne connaît pas du tout le déroulement de l’originale, est particulièrement réussie. Et horrible. Accrochez-vous, ça dépote !

Soudain, la lumière semble décroître. Du mouvement au ras du sol attira l’attention des soldats ; entre leurs jambes, circulant à deux pieds du sol, de singulières fumerolles sombres se propageaient lentement. D’étranges irisations bleuâtres les parcouraient et elles ne paraissaient pas accrocher la lumière du jour, comme appartenant à un autre monde.

Ce moment est particulièrement important et a donné lieu à de nombreuses réflexions, de nombreux questions. Avec le célèbre « Et si ? ». Thierry Cadmous dans son excellent Uchronies. Le laboratoire clandestin de l’histoire en fait d’ailleurs une des dix dates clefs qu’il étudie. François Baranger nous propose une variante parfaite de dark fantasy tendance gore. Réaliste jusqu’à l’intervention des forces obscures. Car, on le sentait venir depuis Sorcier d’Empire, les Russes entrent dans la danse. Et cela va complètement changer la donne. On assiste à un duel préparé depuis des centaines de pages. Duel qui ne déçoit pas.

Second sorcier est une suite logique et parfaite de Sorcier d’Empire. L’histoire se développe et prend de l’ampleur. Les personnages tentent de s’en sortir, d’obtenir les objets de leurs vœux malgré le climat tendu qui règne en Europe. Une fois qu’on a goûté à cette tétralogie, difficile de s’en détacher. Et donc, je suis plus qu’impatient de découvrir la suite, l’année prochaine.

La tétralogie Ars obscura comprend les titres suivants : Sorcier d’Empire, Second sorcier, Sorcier Empereur et le tome IV.

Présentation de l’éditeur : 1815. Une bataille cruciale se prépare, non loin d’une bourgade nommée Waterloo. Le pouvoir du Sorcier d’Empire s’affaiblit, la conspiration des officiers est sur le point d’éclater et des renseignements alarmants indiquent que la septième coalition pourrait disposer d’une arme secrète. L’empereur Napoléon Ier parviendra-t-il à l’emporter face à ces menaces ? Le sorcier Élégast hésite à continuer de le soutenir, d’autant qu’il perçoit chez les Russes une « présence » aussi indéfinissable qu’inquiétante… De son côté, Ludwig, le mercenaire, cherche à sauver ses amis des griffes de la Garde hermétique, mais il ne peut affronter seul toute une compagnie. Pris entre deux feux, le capitaine Brégante s’efforce de lui apporter son aide tandis qu’il lui faut décider s’il livrera les cristaux d’uchronite au Sorcier d’Empire, sachant le mauvais usage qu’il en fera. L’issue de la bataille qui s’annonce sera-t-elle déterminée par la puissance des forces militaires ou par celle de l’Art Obscur ? Antique confrérie de mages, espions à la solde de l’étranger, comploteurs travaillant à la chute de l’Empereur, secte russe d’adorateurs d’un dieu sanguinaire… Chacun joue son rôle dans cette fresque épique, les uns pour empêcher le monde de sombrer dans les ténèbres, les autres pour l’y plonger.

Denoël, collection « Lunes d’encre » – 13 septembre 2023 (texte inédit – Illustration : François Baranger – 444 pages – 23 euros / numérique : 16,99 euros)

Merci aux éditions Denoël (Théophile Bignon) pour ce SP.

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