Gachiakuta 2, Rei URANA

On avait laissé Rudo en mauvaise posture. Expulsé de sa cité placé dans les nuages, ce Célestien (qui ignorait même en être un) se retrouve à la surface d’une planète recouverte en grande partie des ordures balancées depuis le ciel. Et surtout, plus grave, une planète parcourue par des créatures composées de ces mêmes ordures, les Composites. Monstrueux et surtout agressifs, ils attaquent tout ce qui bouge et n’est pas l’un des leurs. Heureusement, Rudo va être accueilli par le groupe des Nettoyeurs.

Une organisation bien rodée

Si Enjin, la personne qui l’a récupéré et sauvé à son atterrissage, s’est occupé de lui, ce n’est pas que par bonté d’âme. C’est surtout parce qu’il avait repéré en lui un semblable, un autre possesseur du pouvoir sur les objets, un autre forgeur d’âmes. Car certaines personnes sont capables d’utiliser un objet spécifique comme arme aux pouvoirs immenses. Mais tout le monde ne le peut pas. Et quand on possède ce don, ce n’est que pour un seul objet, que l’on chéri et protège. Bâton, paire de ciseaux, parapluie, l’inventaire est varié. Comme tout héros de récit pour la jeunesse, Rudo est spécial. Lui semble pouvoir donner la vie à n’importe quel objet. Mais il ignore encore comment manier ce pouvoir et comment l’utiliser pour aider ceux qui l’ont accueilli.

Car il n’y a pas de temps à perdre. Même si lui ne rêve que de remonter dans sa cité, les autres le veulent avec eux pour les aider à protéger leur monde contre les Composites. Et contres Vandales, d’autres Forgeurs d’âmes qui eux ont choisi le vol et la destruction plutôt que la protection. Dans ce deuxième volume de la série, on comprend mieux comment fonctionne cette société. Kei Urana nous propose même, page 67, un petit schéma pour mieux comprendre les différentes zones.

Dans le bas monde, il y a les zones où les humains peuvent vivre appelées « zones de sûreté » et celles polluées de déchets où vivent les Composites appelées « zones contaminées ».

Enfin, on comprend un peu mieux le fonctionnement des jinki, ces objets où un forgeur d’âme loge une pensée et lui donne vie. Les règles se dessinent peu à peu. Mais déjà un mystère arrive : on découvre un Composite recelant un tel objet. Qu’est-ce que cela signifie ?

Un dessin toujours aussi sobre

Revenons au dessin, donc je parlais un peu lors de ma critique du premier tome. Il reste assez sobre, voire vide par moments. Page 11, beaucoup de blanc : une case, par exemple, ne contient aucune image, juste une bulle. Et on a de nombreux exemples de cases où ne figure qu’un visage, voire une partie de visage. Le reste n’est que blancheur, sans ces décors qui parfois surchargent les planches et donnent une impression de fouillis.

Je retrouve cette simplicité dans certains dessins. Souvent quand Rudo ou un autre personnage est énervé ou éprouve une vive émotion. Le trait se fait moins net et surtout, plus épais. Les gros plans sur les yeux, gigantesques, écarquillés, ou sur la bouche et les dents, pointues, effrayantes, ont de quoi marquer. Malaise évident, mais grande réussite je trouve. Page 108, par exemple, la page est coupée en deux parties verticales, avec une bulle qui fait la liaison entre les deux. Deux orbites nous fixent, entourées de noirs et rayées de traits noirs verticaux. Image de cauchemar qui obtient parfaitement ce qui est désiré.

Cela n’empêche pas les scènes plus classiques, comme les scènes de bagarre, très bien réussies, toutes en mouvements et en gros plans sur des monstres hideux ou des premiers plans emplis par un objet important (l’arme, par exemple) tandis que la scène se déroule à l’arrière. Ça pulse, on est happé par la violence et la rapidité d’action des combattants.

Quand l’adversaire est balèze… ça chauffe l’ambiance !

Même si le ton change dans ce deuxième volume, je m’y suis retrouvé et apprécie toujours autant Gachiakuta. L’histoire comporte suffisamment d’inconnues pour promettre du suspens et des retournements de situation. Le personnage de Rudo, jeune garçon sans expérience, contrôlé par ses émotions, balancé dans un monde qu’il ne comprend pas encore, qu’il ne maitrise pas du tout (comme ses pouvoirs), est plein de promesses pour la suite. Le tome 3 m’attend sur mon étagère et il devrait rapidement la quitter pour plonger dans mes mains avides.

Gachiakuta est une série. Retrouvez-en toutes les critiques : tome 1tome 2

Présentation de l’éditeur : Après avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis, Rudo a été jeté dans l’abîme où sont envoyés tous les déchets de la société. Sauvé de composites monstrueux par Enjin, Rudo a accepté d’aider les nettoyeurs dans leur mission le temps de trouver un moyen de retourner dans la cité des cieux. Il a cependant encore beaucoup à apprendre s’il veut pouvoir véritablement aider l’organisation. La maîtrise de son jinki laisse en effet fortement à désirer, et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa relation avec son mentor, Zanka, n’est pas partie d’un bon pied. Le chemin est encore long avant que Rudo puisse assouvir sa vengeance…

Pika, collection « Pika Shônen » – 21 juin 2023 (Kei Urana – Graffiti design : Hideyoshi Andou – traduction du japonais : Nathalie Lejeune –Gachiakuta(ガチアクタ)(2022)– 192 pages – 7,20 euros / numérique : 4,49 euros)

D’autres lectures : Sur les anneaux de Saturne


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