Providence [Second Œkumène .3], John CROSSFORD (Bertrand PASSEGUÉ)

Anya et les autres sont toujours enfermés dans leur camp, avec les alter et les mineurs exilés, entourés par les fanatiques lancés par le religieux Corradino. De son côté, MacGregor doit manœuvrer avec finesse dans les méandres du pouvoir parmi tous ses ennemis non déclarés qui ne souhaitent qu’une chose : le voir disparaître. Et l’empereur qui va enfin mourir : les dés sont lancés !

Une suite sur les chapeaux de roue

Pas de temps mort : Providence commence là où Orosco s’achève. D’ailleurs, commentaire classique dans ce genre de cas : un petit résumé des épisodes précédents aurait été le bienvenu. Même si la lecture des deux tomes précédents était assez fraîche dans mon esprit, il m’a fallu quelques pages pour que toutes les connexions se refassent.

Ils ne connaissent que la guerre et les combats, et ils doivent maintenant réinventer une autre façon de vivre. Ce n’est pas facile… C’est sans doute pourquoi ils se sont réfugiés dans la violence et le repli sur soi.

Les antagonismes sont à leur paroxysme et certains conflits vont devoir s’apaiser pour éviter l’explosion totale. C’est à quoi s’applique John Crossford (en fait, Bertrand Passegué, comme l’a finalement révélé l’éditeur). Il résout en partie des crises, mais en relance d’autres. Néo, entité créée par un savant génial mais désabusé, qu’on avait aperçu dans le précédent roman et qui avait déjà une aura de méchant en puissance, prend toute son ampleur dans Providence. Il a trouvé sa voie et a les moyens d’imposer sa vision du monde à toutes et tous. Autrement dit, dans l’ensemble, on ne s’ennuie pas dans ce troisième tome.

J’ai écrit « dans l’ensemble », car quelques passages m’ont semblé un peu moins réussis, un peu moins vifs que le reste. Trop d’arrêts de l’action pour des explications pas toujours nécessaires. Et, pire, des redondances, des répétitions. Lors de discussions avec de nouveaux venus, l’auteur se sent obliger de répéter des informations déjà révélées peu avant. Donc, sauf à lire le récit sur un temps long (et c’est plutôt un livre que l’on dévore), cela agace un peu. Mais je chipote, car j’avais bien aimé les précédents volumes et il me fallait bien faire la fine bouche.

Une histoire qui tourne

Comme dit plus haut, John Crossford renouvelle l’histoire en faisant passer en arrière plan, voire disparaître, des personnages pourtant importants (mais plutôt méchants, donc c’est bienvenu) et en les remplaçant par d’autres ennemis différents mais plutôt plus puissants, donc plus dangereux. En plus, les tensions diplomatiques se renforcent. Cela a le mérite d’éclaircir un peu le tableau : on sait qui est dans quel camp et, à la fin du roman, les pièces sont clairement posées sur l’échiquier. Car dans Providence, les personnages principaux, qui étaient dans l’ensemble, des fugitifs, arrivent au pouvoir. Ils commencent à avoir de vraies cartes entre leurs mains.

D’ailleurs, cela m’avait semblé presque trop facile et je me préparais à fustiger cette tendance à arranger tous les problèmes presque comme par un coup de baguette magique : un personnage est handicapé ou blessé et pouf, l’entité magique la soigne alors que tous les médecins disaient que c’était impossible. Les protagonistes se retrouvent tous, comme par hasard, au même endroit au même moment alors que l’univers est si vaste : les trois axes se mêlent ainsi en un seul (qui va se rediviser, heureusement). Mais l’auteur parvient à rendre cela vraisemblable (enfin, autant que dans une œuvre de fiction) et, sur la fin, il rend les choses plus complexes. Certains de ses héros se traitent même de naïfs pour avoir cru que tout se passerait bien, sans véritable complication. Et il est vrai que je me demande bien comment ils vont pouvoir s’en sortir quand je regarde la somme de leurs défis. Mais il reste deux romans pour cela. Et ce ne sera pas de trop.

La difficulté avec les révolutions, ce n’est pas de les déclencher mais de les arrêter quand elles sont lancées.

Providence, même s’il m’a un peu moins plu que Régulus et Orosco, m’a replongé avec délice dans le monde cruel mais envoûtant du Second Œkumène. J’ai retrouvé avec joie des personnages attachants, qui avaient su m’embarquer avec eux et m’ont à nouveau associé à leurs tourments et leurs aventures. Patience, donc, jusqu’à la parution, en avril 2023, de Vatican.

Les autres livres de cette série : le premier volume, Régulus ; le deuxième, paru en juin, Orosco ; le troisième, Providence ; le quatrième, Vatican, prévu pour avril 2023 ; et donc le dernier volume, Taraël, qui devrait nous arriver en novembre 2023.

Présentation de l’éditeur : L’empereur est mort, et l’empire dissous. L’Église se déchire. Quant aux alter, après des siècles à courber l’échine, ils paraissent décidés à se venger dans le sang des souffrances endurées. Dans le chaos politique et militaire ambiant, Einar, Anya, Allen et Douglas tentent à leur façon de rétablir un certain équilibre. Mais face à l’adversité, la paix pourrait bien rester un objectif illusoire.

Critic – 24 novembre 2022 (roman inédit– 511 pages – Illustration : Djibril Morissette-Phan – 23 euros / numérique : 13,99 euros)

Merci aux éditions Critic (Eric Marcelin) pour ce SP.

D’autres lectures : Carolivre

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