La chute de Koli [Rempart. 3], M.R. CAREY

Koli, accompagné de Tasse et d’Ursala, est parti à la recherche de l’Épée d’Albion. En bateau. Et ils trouvent l’origine de ce signal qui les a guidés là, aidés de Monono, toujours aussi fantasque, toujours aussi puissante. Pendant ce temps, dans le village de Mythen-Croyd, Toupie est devenue incontournable depuis sa victoire contre la troupe de Half-Ax. D’un côté comme de l’autre, les choses vont se compliquer. Méchamment.

On boucle

La Chute de Koli fait suite au Livre de Koli et aux Épreuves de Koli et marque la fin de la trilogie. Toutes vos questions vont trouver une réponse. Certaines dans la douleur, mais tous les destins sont plus ou moins scellés à la fin du roman.

Koli et sa petite équipe vont donc découvrir l’Épée d’Albion. Mais loin de leur apporter, du moins au début, une solution, un moyen d’améliorer la survie de l’humanité, cette découverte va les mettre en danger et les plonger dans les problèmes jusqu’au cou. Ils cherchaient, entre autres, à trouver (ou plutôt retrouver, car tout cela avait existé avant la catastrophe qui a conduit à cette planète, à cette Angleterre en voie d’extinction) une technologie capable de redonner un coup de fouet à la natalité. Mais aussi à unifier les peuples de ce coin pour leur permettre d’être plus forts, génétiquement parlant, tout comme face aux ennemis nombreux créés, malgré eux, par leurs ancêtres : ces arbres meurtriers, ces animaux pour qui l’humain est un gibier. Et ils trouvent l’une des causes de cet état de fait. En découvrant l’Épée d’Albion, ils découvrir des bribes du passé qui leur étaient inconnues. Ils vont mettre un nom sur un des responsables directs de cette crise. Mais ce sera le cadet de leurs soucis. Survivre, une fois de plus, est le seul verbe important.

Ça s’appelle du fascisme, Koli-Bou. C’est comme les jupettes à volants et les pantalons pattes d’eph. Les gens s’emballent dessus et se donnent des allures ridicules, puis, une fois la mode passée, ils prétendent qu’ils ne l’ont jamais suivie.

Toupie, elle, va se retrouver malgré elle parmi les dirigeants de Mythen-Croyd. Enfin, malgré elle : elle désirait faire partie de la famille dirigeante. Mais elle n’était pas préparée à tout cela. Car sa victoire, plus ou moins involontaire, dans la vallée de la Calder l’a propulsée au sommet dans l’esprit des villageois. Elle s’est révélée une combattante intrépide et efficace. Et elle a ramené au village un char, le plus gros tech jamais vu jusqu’ici. Mais le triomphe est de courte durée. Car l’équipe vaincue n’était qu’une miette de l’armée de Half-Ax. Et son chef, le Pacificateur, ne semble pas vouloir arrêter sa progression avant d’avoir récupéré tous les techs du coin. Il affirme haut et fort qu’ils lui appartiennent et qu’ils lui ont été volés. Il est de son devoir de la récupérer. Par la force, de préférence : faire un exemple est nécessaire. Mythen-Croyd est donc en grand danger.

Une trilogie bien fichue

Avec la dernier tome vient l’heure des bilans. Parce que le but de cette chronique n’est pas de tout vous raconter et donc de gâcher votre plaisir. Mais, tout de même, de parler des tendances. Après un début un peu lent avec Le livre de Koli, M.R. Carey a accéléré le mouvement et enrichi sa narration. Grâce à la sortie de Mythen-Croyd qui a permis d’ajouter des personnages et des lieux, des problématiques aussi. Grâce également à la division en deux axes narratifs : Koli et Toupie. Dans ce dernier roman, il se permet même de donner, vers le milieu, la parole à Monono. Une bonne idée, qui enrichit la fin et maintient le suspens par moments. Et offre à ce personnage étonnant toute sa valeur.

Le jour à l’horizon s’est élargi, plus lumineux, comme si y avait un géant dans le ciel qui soulevait le couvercle d’une casserole pour voir si le contenu est prêt à manger ou pas.

Cette trilogie est avant tout un récit post-apocalyptique pas nécessairement novateur mais bien fichu. Avec un retour de bâton par la nature, maltraitée durant des décennies, qui semble prendre sa revanche. Un thème de plus en plus traité. Ne serait-ce que dans le dernier roman de Marguerite Imbert, les très réjouissants Flibustiers de la mer chimique. On y trouve aussi l’idée de civilisations réduite à des miettes, séparées, et même souvent en lutte les unes contre les autres. Des groupes humains en déliquescence, sans mémoire, réutilisant comme ils peuvent des morceaux de la technologie perdue.

Mais c’est aussi une série de romans qui traite de la différence. Tasse est une fille qui se retrouve dans un corps d’homme. Et le regard des autres sur sa particularité est bien décrit. Tout comme la façon dont elle vit ce traumatisme. Ses relations aux autres. À elle-même. On y découvre aussi les clones et une utilisation possible. L’intelligence artificielle, ses risques et ses avantages : pour Koli, Monono est un être vivant. C’est son amie la plus chère, celle dont il ne peut pas être privé. Alors qu’elle n’est faite que de composants mis en forme par l’homme. Où commence la personnalité ? Où peut se nicher l’amour ?

Je livre cette vérité pour ce qu’elle est, à savoir une croûte sur une blessure terrible qui, malgré tout le temps écoulé, n’a aucunement guéri. Peut-être ne faut-il pas qu’elle guérisse. Peut-être s’en sort-on mieux avec la douleur que sans.

La chute de Koli confirme mon sentiment sur la trilogie Rempart. Quand j’en ai commencé la lecture, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher le roman avant d’avoir tourné la dernière page. Je voulais savoir la suite des aventures de Koli. Je voulais découvrir ce que l’auteur lui réservait, à lui et à ses compagnes. Je voulais me rassurer quant au destin de l’Engleterre. Et j’ai aimé ces moments, ces inquiétudes. Je penserai encore longtemps à Koli et Monono. Sayônara.

Présentation de l’éditeur : « Je me suis mis en chemin quand on m’a déclaré anonyme et qu’on m’a chassé de mon village dans la vallée de la Calder. Je suis descendu vers le sud, depuis le nord sauvage de l’Engleterre jusqu’au village de Poisson-foison, au bord du grand lagon où se trouvait le Londres disparu. Puis j’ai navigué sur l’océan jusqu’à ce qui s’appelait l’Épée d’Albion, qui devait être, dans mon idée, la fin de mon voyage. C’en était pas la fin, ça non, comme vous allez le voir si vous restez avec moi tout au long du présent et dernier récit. Le plus important – et le plus terrible – était encore à venir. » Faisant suite au Livre de Koli et aux Épreuves de Koli, voici le dernier roman de la trilogie « Rempart ».

L’Atalante, collection « La Dentelle du Cygne » – 22 septembre 2022 (roman inédit traduit de l’anglais par Patrick Couton – The Fall of Koli (2021)– 524 pages – Illustration : Véronique Meignaud – 26,50 euros / numérique : 9,90 euros)

Merci aux éditions de L’Atalante (à Emma Chabot) pour ce SP.

D’autres lectures : Elwynn (Navigatrice de l’imaginaire)Stéphanie Chaptal (De l’autre côté des livres)Boudicca (Le Bibliocosme)CélineDanaë (Au Pays des Cave Trolls)

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8 réflexions sur “La chute de Koli [Rempart. 3], M.R. CAREY

  1. j’aime bien quand des sagas se terminent : c’est l’heure où je décide si je m’y engage ou pas. Et tu sembles conquis par cette trilogie qui tient ses promesses jusqu’au bout. Donc voilà, une saga de plus que j’aimerais lire 🙂
    (la couverture de celui-ci… est magnifique).

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    1. Je comprends : il est souvent frustrant d’attendre l’arrivée du tome suivant, sans trop savoir dans quelle direction tout cela va nous mener.

      De mon côté, l’intérêt est monté de volume en volume : j’ai trouvé le premier pas mal mais un peu long, le deuxième plus rythmé et le dernier très entraînant (même s’il n’est pas d’une immense originalité).

      Bonne lecture (quand tu trouveras le temps).

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  2. Quelle jolie chronique !
    Je viens de terminer le tome 2 sur une note de déception n’ayant pas accroché à l’arc de Koli, en dehors de la figure de Tasse. Du coup, tout ce que je lis dans ton article me rassure grandement. Je voulais en apprendre plus sur le avant, je voulais qu’on s’attarde sur Tasse, je voulais voir comment allait se dépatouiller Toupie et je vais avoir tout ça. J’ai hâte !

    Aimé par 1 personne

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