Jarvis vit maintenant sur la mer avec sa compagne Uriale et le peuple des Meeranes avec qui il avait fait alliance dans le précédent roman. Or, on vient leur demander de l’aide : il s’agit de sauver trois membres de la tribu qui auraient été faits prisonniers sur une ile. Sur terre, donc. Pas vraiment l’endroit préféré de ce peuple de marins. L’aide de Jarvis et de la botaniste Uriale va être cruciale.

Comme je l’ai expliqué ici, pour éviter la lassitude et en profiter pleinement, je lis ce gros livre en plusieurs fois : roman par roman. Voici donc :
.Le Paradis des hommes perdus (1975)
Le premier roman, convaincant, servait d’introduction : mise en place du décor (une planète maritime nommée Thalassa où une colonie terrienne a fait naufrage) et des personnages principaux. Dont le héros éponyme, Jarvis, beau, intelligent et débrouillard. Un parfait modèle pour les jeunes générations auxquelles était destinée cette série.
Mais si Le Messager de la grande Ile se déroulait en grande partie sur l’eau ou la côte, Le Paradis des hommes perdus a pour cadre principal la terre. Car c’est là, sur Farnsel, que sont retenus les trois compagnons meeranes. C’est donc là qu’il va falloir aller, malgré les réticences d’hommes et de femmes habitués à passer leur vie sur l’élément liquide. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre n’est pas un reflet fidèle de la réalité (même si on en comprendra la raison en cours d’histoire). Car cette ile de Farnsel est un condensé de tout ce que faune et flore peuvent avoir d’effrayant et de détestable. Christian Léourier s’en est donné à cœur joie. Les fleurs, arbustes et arbres aux propriétés toxiques se multiplient pour barrer la route à l’équipe de sauvetage. Certains sont particulièrement réussis, telle cette plante capable d’emprisonner dans une sorte de cage ses proies et d’attendre qu’elles meurent de faim pour utiliser leur cadavre. Ou les worms, vers géants creusant des tunnels à travers la végétation et réduisant tout ce qu’ils croisent en bouillie. Ou encore des arbres aux feuilles semblables au cristal et à la sève de la couleur du sang capable de causer de graves brûlures de par son acidité. On sent déjà le talent de Christian Léourier pour créer des mondes avec intelligence et efficacité : ce voyage pourrait ressembler à un inventaire à la Prévert, sans autre but que de remplir des pages. Mais l’auteur parvient à donner un sens à tout cela et l’ile ainsi décrite prend vie et l’ensemble recèle une grande logique. Ce talent, on le retrouvera bien sûr dans le cycle de Lanmeur.
Face à cette nature sauvage et dangereuse, toute la finesse et l’habileté de notre héros seront nécessaires. Je dis cela sans ironie, car il est évident que c’est Jarvis qui est au centre de l’action, publication pour la jeunesse de 1975 oblige. Et, si on garde cela à l’esprit, l’histoire tient parfaitement la route et en haleine son lecteur (et un zeugme, un!). Il convient juste de retrouver, si on l’a laissée de côté, son âme d’enfant ou de jeune adulte. Et ainsi, on se laisse porter une nouvelle fois sur les pas de Jarvis, dans une intrigue peut-être plus linéaire que la précédente, mais pas moins captivante et riche d’intrigues et de suspens. Encore un bon cru.
Cette intégrale des aventures de Jarvis comprend sept romans : Le Messager de la Grande Ile, Le Paradis des hommes perdus, L’Envoyé du quatrième règne, Les Rebelles de la soif, La Cité des hauts remparts, L’Astéroïde noir, Les Chemins d’espérance.
Présentation de l’éditeur : « Il avait senti sur sa peau la brûlure des étoiles. Lui, le navigateur, comment pourrait-il désormais se contenter des vagues monotones ? Les tempêtes elles-mêmes lui paraîtraient insipides, comparées à la fureur des orages ioniques. » Sur Thalassa, l’océan est au centre de tout. Les descendants des colons terriens arrivés avec le vaisseau Aloade doivent se contenter de quelques terres émergées et de rares ressources, et la vie est difficile. Pour Jarvis, tout bascule lorsqu’il fait une découverte qui menace la prospérité de la Confrérie des chasseurs de korqs, à laquelle il appartient. Banni par ses pairs, le jeune homme prend la mer aux côtés d’un clan de nomades navigateurs, sans espoir de retour. Leur rencontre avec un curieux symbiote capable de communiquer va pourtant modifier tous leurs plans. Commence alors pour Jarvis et ses compagnons un tout autre voyage, à travers l’espace, à la recherche du chemin vers la Terre.
Éditions Critic – 25 novembre 2021 (sept romans dont un inédit – 938 pages – 25 euros)
Merci aux éditions Critic pour ce SP.
D’autres lectures :
Ah! mais il peut me tenter ce volum, surtout que j’ai vraiment apprécié ce que j’ai lu de Léourier.
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Si tu apprécies les lectures pour la jeunesse (pas simplistes comme certaines), il peut effectivement te plaire.
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