La Course aux étoiles [Capitaine Futur. 6], Edmond HAMILTON

Les principaux constructeurs de vaisseaux spatiaux se trouvent confrontés à un problème de taille : leurs engins sont volés d’une manière bien curieuse. Alors que leurs pilotes sont en plein vol, pfuit, les fusées disparaissent et on ne retrouve que les fuséologues flottant (vivants, heureusement) dans l’espace. Le Capitaine Futur saura-t-il résoudre ce mystère ?

Un démarrage sur les chapeaux de roue

Une fois encore, Edmond Hamilton se montre extrêmement dans son début de roman. Comme nombre d’œuvres actuelles qui tentent de prendre le lecteur par le cou dès les premières lignes, La Course aux étoiles ne perd pas de temps en présentations : elles viendront plus tard. Nous sommes plongés directement dans le bain : de jeunes fuséologues (nom donné aux pilotes de fusées) fraichement sortis des écoles de pilotes de leurs mondes respectifs (rappelons que, dans cette saga, les planètes du système solaire sont habitables et habitées par des peuples à la morphologie légèrement différente, quoiqu’humanoïde) se retrouvent à la célèbre Station Suicide, où ils sont censés faire leurs preuves. Située sur Mercure, elle abrite le centre d’essai grandeur nature de tous les nouveaux vaisseaux spatiaux. Qu’ils soient de marque Rissman, Tark, Kalber, Cruh-Cholo ou Zamor. Et ici, on ne plaisante pas : un accident mortel le prouve dès les premières pages.

Mais un problème nous apparaît rapidement : depuis plusieurs semaines, des vaisseaux disparaissent. Et de bien étrange façon. Les pilotes qui ont été victimes de tels larcins racontent tous la même chose : ils étaient aux commandes et tout allait bien quand, d’un seul coup, ils aperçoivent une mouvement rapide et, l’instant d’après, ils se réveillent dans le vide de l’espace, hors de leur vaisseau évaporé sans laisser de trace. Et le Marshal Ezra Gurney, malgré sa solide expérience, n’y comprend rien. La situation est grave. Il faut appeler le capitaine Futur !

Une intrigue solide

Cette série a été écrite pour un public parfois assez jeune, donc on y retrouve les précautions d’usage : une violence peu décrite, sans complaisance ; des histoires d’amour suggérées, mais sans consistance ; des aventures fulgurantes, dignes des films de grande action hollywoodiens avec explosions et effets spéciaux à tire-larigot d’ailleurs, certaines scènes ont dû inspirer les scénaristes et réalisateurs de Star Wars, notamment la course à travers les étoiles). Ce qui veut dire que l’enquête, menée par la capitaine Futur n’est pas d’une profondeur abyssale. Cependant, elle tient sacrément bien la route et il faut attendre, sinon la fin, du moins la deuxième moitié du récit avant d’avoir une idée du coupable potentiel. Bien sûr, on retrouve un peu le même principe que dans les ouvrages précédents : plusieurs personnes sont réunies, qu’on soupçonne, et Edmond Hamilton distribue des indices, vrais ou faux. Au lecteur de s’y retrouver. Et dans La Course aux étoiles, cela fonctionne bien.

De l’action, encore de l’action, toujours de l’action

Mais là n’est pas l’essentiel : ici, c’est surtout l’action qui prime. Car si, dans certains des volumes précédents, l’enquête dominait, ici, c’est le bruit des moteurs qui vrombissent, la testostérone qui est secrétée à haute dose. Rappelez-vous le film Top Gun, avec cette bande de pilotes aux égos surdimensionnés et plus occupés à montrer ses biceps qu’à réfléchir et vous aurez une petite idée de l’ambiance qui règne à la Station Suicide. Là, des hommes, des vrais (eh oui, on est en 1941, il ne faut pas l’oublier), risquent leur vie pour tester des vaisseaux spatiaux. Et on a droit aux blagues typiques des histoires de guerre, avec bizutage et tout et tout. Mais que mon petit laïus ne vous effraie pas ! Ce n’est absolument pas pesant (sauf si on est très sensible à ces sujets et incapable de se replacer dans le contexte) et le récit se déroule sans anicroche. Enfin, pour nous lecteurs, car pour le capitaine Futur, tout ne sera pas simple. Et notre héros devra faire appel à toutes es ressources, aussi bien physiques qu’intellectuelles (car lui réfléchit et brillamment avec ça), pour résoudre ce mystère.

La course aux étoiles est encore un bon épisode de la série du capitaine Futur. D’ailleurs, je l’écris à chaque fois, je trouve qu’Edmond Hamilton se bonifie de tome en tome. Et là, il nous a offert un récit explosif et plein de feu et de mystères, avec le dépaysement garanti d’un système solaire habité par des Vénusiens et des Terriens, des Martiens et des Mercuriens hauts en couleur. À quand le prochain voyage ?

En attendant, vous pouvez-consulter mes chroniques des autres épisodes de cette série : L’Empereur de l’espace, À la rescousse, Le Défi, Le Triomphe.

Présentation de l’éditeur : Il y a Simon Wright, dit le Cerveau, ce qu’il est, littéralement, et dans un bocal de sérum : un scientifique exceptionnel. Et puis Grag, la montagne de fer indestructible dotée d’outils intégrés étonnants. Sans oublier Otho, l’androïde synthétique, spécialiste du combat rapproché, de l’infiltration et du camouflage. Ils sont les Futuristes, la plus stupéfiante association qui puisse s’imaginer. Et enfin il y a celui qu’ils ont élevé, celui qu’ils ont juré de protéger, celui qui est devenu leur leader : Curt Newton, le géant roux, le sorcier de la science doté d’un esprit hors normes, infatigable justicier connu des peuples du Système solaire sous le nom de capitaine Futur. Tous quatre veillent sur les neuf mondes et au-delà, attentifs, depuis leur base lunaire à l’emplacement secret. Or, voici que les nefs appelées à sillonner les routes stellaires disparaissent de manière inexplicable à peine sorties des usines. Les industriels sont aux abois, d’autant que bientôt, l’ensemble des échanges du Système pourrait se trouver menacé. Quel terrible mystère scientifique se cache derrière ces manigances, et surtout, au bénéfice de qui ? Des questions auxquelles le capitaine Futur va devoir répondre, et vite, car le temps joue contre lui…

Le Bélial’, collection « Pulps » – 24 juin 2021 (roman traduit de l’anglais [États-Unis] par Pierre-Paul Durastanti – Star Trail to Glory (1941) – 207 pages – 15,90 euros/ numérique : 7,99 euros)

D’autres lectures : Sylvain Bonnet sur Boojum, Noé Gaillard sur Daily Passions,


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