Jarvis, l’intégrale 1 : Le messager de la Grande Île, Christian LÉOURIER

Jarvis est de retour. Il avait vécu six aventures chez Hachette dans les années soixante-dix : les voilà réunies dans un bel ouvrage, avec une dernière pour clore le cycle. Toujours vaillant, toujours empli d’empathie pour les autres, malgré leurs différences, le jeune héros positif fait ses débuts sur la planète Thalassa, une colonie de plus pour l’humanité qui a essaimé à travers les étoiles. Il y démontre rapidement son courage et son humanité, qualités qui lui seront nécessaires pour tenter de retrouver le chemin de la Terre.

Une série venue du passé

Contrairement à nombre de lecteurs (dont Estelle Faye, autrice d’une courte mais agréable préface), je ne connaissais pas Jarvis. Pas d’enfance baignée par ses aventures. Aussi, je suis parti vierge de toute idée préconçue, qu’elle soit négative ou positive, sur ce héros bienveillant et positif. Et dans l’ensemble, je n’ai pas été déçu du voyage, retrouvant ainsi une part d’enfance.

Ce gros ouvrage propose donc l’intégrale des aventures de Jarvis : les six romans déjà parus entre 1974 et 1978 et le septième qui n’avait pu le faire, car la collection qui l’hébergeait s’était arrêté brutalement. Ils sont réunis ici, dans une version légèrement remaniée,adaptée à la publication en un seul volume (par exemple, Christian Léourier a supprimé les « passages visant à situer le roman par rapport aux précédents »). Bien que datée (pas loin de cinquante ans, tout de même), l’histoire est forte et les aventures entraînantes, portées par des sentiments nobles sans être naïfs ou niais. On a beau être dans une publication pour la jeunesse de l’époque, donc assez calibrée (« De l’action, mais pas de violence gratuite. Pas de sexe explicite. De l’aventure. Beaucoup d’aventure »), l’auteur se montre assez subtil pour éviter le manichéisme trop voyant qui rendrait la narration trop fade.

Pour conserver le plaisir, je ne vais pas lire les sept romans d’un coup, mais un par un. Et je donnerai mon avis au fur et à mesure. On commence donc par :

Le messager de la Grande Île (1974)

Thalassa : une planète recouverte en grande partie par des océans. Planète où une colonie humaine s’est posée en catastrophe et d’où elle n’a pu repartir. Planète où elle a fondé une nouvelle civilisation, sans technologie, perdue avec le vaisseau disparu dans les profondeurs des eaux. Les habitants vivent avec la mer, pour la mer. Et meurent à cause de la mer. Beaucoup sont pêcheurs. Certains sont tueurs de korqs, monstres qui menacent les embarcations et les ports. Jarvis est l’un de ceux-là. Mais ce jeune homme semble faire ce métier plus par obligation que par vocation. Et l’apparition étrange de la déesse (ou quoi que ce soit d’autre) Kwul va bouleverser son existence.

Ce premier roman est l’occasion de découvrir le monde qui servira de terrain de découverte, avec ses mystères et ses croyances, ses dangers et ses spectacles merveilleux. Mais surtout, c’est l’occasion de faire connaissance avec le « héros » qui nous guidera pendant sept volumes. Et on est gâté avec Jarvis. Orphelin (son père a été tué en mer), élevé par un vieux solitaire (c’est d’ailleurs son surnom), il est devenu un redoutable tueur de korqs, ces êtres assez proches du kraken pour les plus grands. Mais on comprend rapidement qu’il ne se satisfait pas de cette existence. Et qu’apporter la mort n’est pas un but noble pour lui. Il suffira d’ailleurs d’un doute pour tout remettre en question.

Christian Léourier, comme je le disais plus haut, parvient à rendre Jarvis sympathique et, surtout, profond, en quelques pages. Il a une certaine épaisseur et ne se contente pas d’aligner les clichés. Bien sûr, la jeune Uriale qui le remarque et tombe aussitôt sous son charme est parfois un peu transparente. Mais l’auteur lui fournit rapidement un rôle important et une place dans la société que les femmes françaises des années 70 n’avaient sans doute pas couramment. Bien sûr, la présence du vieux Parson, un sage sans le sou qui va de village en village et profite de la générosité des habitants pour vivre, offre la caution adulte et rassurante de celui qui sait face à l’enthousiasme de la jeunesse. Rien de bien neuf. Mais rien de honteux non plus. Et la qualité de l’écriture fait de la lecture de ce premier roman un moment très agréable.

Présentation de l’éditeur : « Il avait senti sur sa peau la brûlure des étoiles. Lui, le navigateur, comment pourrait-il désormais se contenter des vagues monotones ? Les tempêtes elles-mêmes lui paraîtraient insipides, comparées à la fureur des orages ioniques. » Sur Thalassa, l’océan est au centre de tout. Les descendants des colons terriens arrivés avec le vaisseau Aloade doivent se contenter de quelques terres émergées et de rares ressources, et la vie est difficile. Pour Jarvis, tout bascule lorsqu’il fait une découverte qui menace la prospérité de la Confrérie des chasseurs de korqs, à laquelle il appartient. Banni par ses pairs, le jeune homme prend la mer aux côtés d’un clan de nomades navigateurs, sans espoir de retour. Leur rencontre avec un curieux symbiote capable de communiquer va pourtant modifier tous leurs plans. Commence alors pour Jarvis et ses compagnons un tout autre voyage, à travers l’espace, à la recherche du chemin vers la Terre.

Éditions Critic – 25 novembre 2021 (sept romans dont un inédit – 938 pages – 25 euros)

Merci aux éditions Critic pour ce SP.

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