Les tambours du dieu noir, Phenderson Djèli CLARK

De la magie, des divinités, des créatures surnaturelles. Et tout cela dans une Louisiane ou dans une Égypte aux légers accents de steampunk. Bienvenue dans le monde haut en couleurs de Phenderson Djèlí Clark ! Deux novellas permettent aux lecteurs français de découvrir l’imagination fertile de cet auteur américain, qui plonge ses racines dans de nombreuses régions et leurs croyances, donnant naissance à des mondes au charme puissant.

Un nouvel auteur

L’Atalante m’a donc permis de découvrir un auteur dont je n’avais jamais entendu parler (je rappelle que, à la différence de plusieurs possesseurs de blogs dédiés à la SFFF, je ne lis pas en anglais, donc ne me tiens au courant que de ce qui se passe en V.F.). Et c’est vraiment une bonne surprise.

Les deux novellas ont été publiées, pour la première fois en 2018 et 2016. Donc c’est un auteur assez récent. D’après la fiche biographique fournie par l’éditeur, Phenderson Djèlí Clark est né à New York, aux États-Unis, en 1971 et a vécu au Texas. Mais il a passé une grande partie de sa jeunesse à Trinité-et-Tobago. Est-ce cette « double appartenance » qui lui a donné l’idée d’un tel métissage des influences ? En tout cas, c’est une réussite. Il a su, dans ses courts textes, s’inspirer de l’histoire et la tordre pour créer des répliques pleines de cris et de fureur, de personnages si forts qu’on a l’impression de les entendre respirer juste derrière notre épaule.

Les Tambours du dieu noir

Le premier texte nous mène dans la Louisiane des années 1880. Elle ressemble beaucoup à celle que l’on connaît par son décor et son climat. Mais l’histoire n’est pas la même que dans notre monde. Ici, les habitants de la Nouvelle-Orléans ont réussi, grâce à une aide surnaturelle, à se libérer et à conserver, pour un temps, leur indépendance. Mais le climat politique est tendu et de multiples forces se disputent, se battent, cernent la ville, prêtes à lui fondre dessus. Et au milieu de cette agitation, la jeune « la Vrille », voleuse talentueuse, essaie de survivre tant bien que mal. Tout en gardant une oreille attentive aux nouvelles. Ce qui lui permet d’obtenir une information d’importance à propos des tambours du dieu noir. Un nom qui éveille de bien mauvais souvenirs. Souvenirs de destruction, de morts.

En quelques dizaines de pages, Phenderson Djèlí Clark nous envoûte. Entre son décor, d’une profondeur impressionnante, et le parler plus vrai que nature, différent selon les interlocuteurs (mention spéciale pour la traductrice, Mathilde Montier, qui a eu bien du travail pour transmettre en français cette impression : lire le texte en V.O., dans ce cas-là, me démange), plus une intrigue qui tient vraiment la route, quelle force ! Quelle richesse ! J’ai été embarqué, vraiment. En plus, le moyen de déplacement est à base de dirigeables. Et ça aussi, cela me plaît. Sans compter, comme je le disais plus haut, la présence d’entités tirées du folklore local. Un mélange détonant et hautement addictif.

L’étrange affaire du djinn du Caire

Changement total de décor avec cette deuxième novella, bien plus courte que la précédente. Nous voilà en Égypte. Mais une Égypte libérée de la tutelle anglaise grâce l’intervention d’un certain al-Jahiz, savant étrange, qui a permis aux djinns et autres créatures inspirées de l’imaginaire moyen-oriental de passer dans notre monde. Et de progresser techniquement. À tel point que le Caire peut rivaliser avec Londres ou Paris. Et que les Égyptiens sont maitres de leur destin.

Mais avec l’irruption de tels êtres surviennent des cas étranges. D’où la création du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, chargé de résoudre ces affaires, originales pour le moins. Une des plus talentueuses enquêtrices de ce département est la surprenante Fatma el-Sha’arawi. Celle-ci, outre son intelligence supérieure et sa culture de l’occulte impressionnante, dénote par son apparence, puisqu’elle s’habille à la garçonne dans un pays plutôt traditionaliste. L’auteur n’hésite pas à interroger les relations homme-femme et à se permettre d’agréables anachronismes (il crée sa propre uchronie, il a le droit!). Tout en menant une enquête, là encore assez dense pour faire travailler les méninges, et rythmée pour ne pas ennuyer. Et, pour moi qui ne suis pas versé dans les cultures de cette région, quel dépaysement !

Découverte enthousiasmante, Les tambours du dieu noir m’a donné une envie folle de continuer à creuser le sillon et de découvrir le reste de l’œuvre de Phenderson Djèlí Clark, défenseur des opprimés (il a du boulot). Et l’Atalante exauce mon vœu ! Car un deuxième ouvrage est paru récemment (Le Mystère du tramway hanté). Et une autre traduction est annoncé pour la fin de l’année, celle de Ring Shout (Cantique rituel), paru en V.O. en 2020. Et, autre bonne nouvelle, l’auteur a publié cette année un autre texte prenant place dans la série du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, A Master of djinn. De quoi voir venir avec le sourire.

Présentation de l’éditeur : Bienvenue dans la première publication française d’un nouveau maître de l’uchronie et du surnaturel. Bienvenue dans les mondes mirifiques criants de réalisme, foisonnants de couleurs, de sons et de parfums, de Phenderson Djèlí Clark. Louisiane. Années 1880. Tandis qu’une guerre de Sécession interminable démantèle les États-Unis d’Amérique, un complot menace La Nouvelle-Orléans, territoire indépendant libéré de l’esclavage, au cœur duquel les Tambours du dieu noir, une arme dévastatrice jalousement gardée, attisent les convoitises. Il faudra tout le courage et la ténacité de Jacqueline « LaVrille » – jeune pickpocket qui rêve de découvrir le monde –, ainsi que la magie ancestrale des dieux africains qui coule dans ses veines, pour se faire entendre et éviter le désastre. Le Caire. 1912. Depuis une cinquantaine d’années, les djinns vivent parmi les hommes et, grâce à leur génie mécanique, l’Égypte nouvelle s’est imposée parmi les puissants. Ce qui ne va pas sans complications… Pour preuve l’étrange affaire du djinn du Caire, que se voit confier Fatma el-Sha’arawi – agente du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles – quand un djinn majeur est retrouvé mort. Suicide ? Trop évident. C’est une machination diabolique que Fatma va mettre au jour.

L’Atalante, collection « La dentelle du cygne » – 15 avril 2021 (deux nouvelles inédites traduites de l’anglais par Mathilde Montier– 137 pages – 12,90 euros)

Merci aux éditions de L’Atalante pour ce SP.

D’autres lectures : Apophis, Celine Danaë, OmbreBones, Lutin, Aelinel, Le Chroniqueur, Un bouquin sinon rien, L’ours inculte, Fournis & têtologie (L’étrange affaire du djinn), Le syndrome Quickson, Franck Brénugat, Le Bibliocosme, Elwyn (Navigatrice de l’imaginaire), Gytha Troll (Pages pluvieuses), Les Blablas de Tachan,


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