À Brest, l’une des villes situées le plus à l’Ouest de la France, se niche un arsenal réputé. Et un laboratoire de recherches de pointe, Atlantest. On y teste de mystérieux patchs, sur de mignonnes petites souris. Le résultat de ces travaux en intéresse plus d’un. Et l’escalade n’est pas loin. Et quand on commence à mettre le doigt dans l’engrenage, qui sait où on s’arrêtera ?

(roman inédit – 301 pages sur les épreuves non relues – 19,90 euros)
Mon avis : Ici finit le monde occidental se situe entre le polar et le livre catastrophe. Les manipulations en laboratoire, dont on ne comprend les finalités que sur la fin, tant les personnages mentent, voire se mentent à eux-mêmes, vont avoir des conséquences dévastatrices. D’où le titre (à ne pas prendre, totalement, au pied de la lettre). Et on retrouve dans ce roman de nombreux ingrédients des histoires à suspens où un danger pour une population est mis en place et dont on se demande s’il va exploser en pleine nature ou être éliminé par les héros.Mais le problème, dans ce roman, c’est que de héros, point ! Les personnages sont tout occupés par leur médiocrité ou leurs choix de vie contraignants. Ils sont tous à fond dans leur rôle, aveugles aux autres. Aveugles à leur propre personnalité. Ils sont tous un peu paumés. Et cela les rend éminemment sympathiques. Même les plus cinglés, mêmes les plus cruels (enfin, non, pas tous : un des militaires m’est vraiment sorti par les yeux). Matthieu Gousseff parvient, malgré le ton désabusé, rigolard parfois, à donner de l’épaisseur à ses protagonistes, à travers leurs actions plus ou moins lâches, plus ou moins héroïques. À travers des échanges parfois hilarants, parfois glaçants. Il présent un portrait sans fard, comme on dit, d’une humanité qui part dans tous les sens, qui semble justement ne plus trouver de sens à son existence. Et qui, en conséquence, est capable de n’importe quoi. Même du pire.
Ici finit le monde occidental peut sembler d’un abord difficile, voire d’une structure un peu foutraque, mais il n’en est rien. L’histoire est bien construite, quand bien même elle semble partir dans les tours, sur la fin. Mais c’est la suite logique de cet enchainement de faits, terrifiant. Et il est difficile de lâcher le roman une fois passé l’écueil évoqué au début de cette critique.
Autre bonne raison de lire ce récit, la description en filigrane de la ville de Brest. Si vous l’avez déjà visitée (ce qui est mon cas), vous retrouverez certains éléments évidents. Mais, également, vous découvrirez de nouvelles facettes de cette ville en grande partie rasée pendant la deuxième Guerre Mondiale et qui souffre encore de sa reconstruction rapide. Jugée stalinienne ou laide pour beaucoup, elle apparaît vivante dans ce roman, humaine. Et malgré certains côtés un peu déplaisants, on a bien envie d’aller s’y promener, avec ce roman dans la poche. Avant la fin du monde, cela va de soi.
Présentation de l’éditeur : À Brest, Atlantest est un laboratoire pharmaceutique mystérieux. Au sein du bâtiment B2, des tests sont organisés en partenariat avec l’armée pour mettre au point un nouveau patch contre la fièvre et d’autres substances aux finalités moins louables. Mais la tête de cette entreprise, Thierry Lorentz a fui. Et avant de disparaître, il s’en est pris au ministre de l’Économie et au secrétaire général d’un grand syndicat. Maintenant nombreux sont ceux prêts à tout pour mettre la main sur lui. Dans ce roman noir fantasque, Matthieu Gousseff orchestre une valse trépidante pour souris, médecins, marins russes, spécialistes animaliers, militaires et investisseurs de tous bords. Et c’est ainsi que vacille notre monde occidental.
Un grand merci à Masse critique et à La manufacture de livres pour cette belle découverte.

Matthieu Gousseff tous les livres sur Babelio.com