Ah, les braves gens !, Franz BARTELT

Présentation de l’éditeur : À Puffigny – un village ou, plutôt, « un gros bourg tellement perdu au fin fond de la France profonde que les cartographes n’ont même jamais vraiment pu le situer avec exactitude » –, les habitants sont renommés pour être tous plus menteurs les uns que les autres. Difficile d’espérer y mener une enquête. C’est pourtant ce que va tenter Julius Dump, un peu rentier, beaucoup écrivain médiocre, parti sur les traces de son père disparu et d’un mystérieux butin. Car toutes les pistes mènent à Puffigny. Mais où exactement ? Et comment trouver des réponses dans un village où chacun semble vivre au jour le jour, le nez en l’air et le verbe éclatant ? Julius n’a peut-être pas tout à fait mis les pieds dans un village de fous, mais ça y ressemble beaucoup. Matière à roman ? Et comment !

Après Hôtel du Grand Cerf, Franz Bartelt revient avec un nouveau roman d’énigme. Un régal d’humour noir aux personnages flamboyants.

Mon avis : Amateurs de polars dans le style de Frédéric Dard ou des romans de la série Le poulpe (aux éditions de La Baleine), le dernier écrit de Franz Bartelt, Ah, les braves gens !, a tout pour vous plaire ! Cet auteur avait déjà marqué avec son précédent titre : Hôtel du Grand Cerf. D’ailleurs, l’éditeur joue à fond sur ce succès (couverture proche, rappel sur le bandeau). Normal, mais attention, aucun lien entre les deux. Ah, les braves gens ! propose des personnages originaux, sans rapport direct avec ceux du d’Hôtel du Grand Cerf. Par contre, le ton, le décor et ses habitants ont de bons gros airs de famille.

Nous voici donc à Puffigny, bourgade isolée où le seul téléphone est une cabine située dans le bar, à portée d’oreilles de tous. Pas de réseaux de tout le coin. Idéal pour se planquer après un casse. C’est en tout cas ce que pense le narrateur, un écrivain à la recherche du complice de son père lors du vol d’un tableau disparu depuis. Le père est mort. Le fils veut comprendre. Et comme il a du temps (il est écrivain), il loue une maison au bord du canal et commence son enquête.

Familiers des œuvres de Franz Bartelt, vous ne serez pas dépaysés. Quant aux autres, attendez-vous à du truculent, du travaillé au burin. Ça envoie du lourd ! Avec une galerie de trognes pas piquées des hannetons ! Et des blazes ! Rien qu’à les inventer, M’sieur Bartelt a dû s’bidonner tout seul. Roland Grattier, Myrtille Briochard, Roguerse, Zerma, Froucandot. J’en passe et des meilleurs ! Et les individus sont à la hauteur de leurs noms : veules ou obsédés, menteurs ou orgueilleux ; tous adeptes du lever du coude (pour le propriétaire du bar, au moindre problème, une seule solution : du liquide, en quantité). Ils sont tous, en tout cas, terriblement humains. Au plus haut point.

Et les aventures sont du même tonneau. Ça part dans tous les sens, c’est moqueur, iconoclaste, parfois vulgaire, voire grossier, mais pour la bonne cause. Malgré tout, l’auteur sait où il va. L’enquête suit son cours, malgré de nombreux dérapages. Et elle tient la route, même s’il ne faut pas s’attendre à la plus grande rigueur. Franz Bartelt se permet même une petite mise en abîme, avec son personnage d’écrivain, qui rédige le roman que nous lisons. Ou à peu près. Là encore, l’auteur joue avec son lecteur, sans se moquer de lui, bien au contraire. Il le distrait intelligemment. Et la fin laisse rêveur.

Ah, les braves gens ! est un divertissement de bonne tenue, qui tient ses promesses et ne déçoit pas après le très bon Hôtel du Grand Cerf. Franz Bartelt sait mener son monde à la baguette, avec un humour réconfortant par sa liberté de ton. Un bon moment, vraiment. M’en vais boire une petite mousse, moi, maintenant !


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